GUAINO PRIS AU MOT !

Publié le par blog-pl-seguillon

 

Et si Henri Guaino avait parfaitement raison lorsqu’il déclare que l’école n’est pas un « « self service » ! Mais peut-être pas au sens où lui-même l’entend. Le conseiller particulier de Nicolas Sarkozy a vivement réagi en effet au refus d’un certain nombre de professeurs de lycées de lire solennellement la lettre du jeune  fusillé communiste Guy Môquet  contredisant de la sorte une décision prise par Nicolas Sarkozy  . « Je ne comprends pas. L'école, ce n'est pas un self-service » s’est exclamé Henri Guaino.

 

 

Effectivement l’école républicaine et laïque n’est pas un self service ! C’est un lieu privilégié et protégé de toutes pressions politiques ou religieuses dédié à l’enseignement, à l’éducation et à la pédagogie des élèves.

 

 

Nul n’est habilité à instrumentaliser l’école. Pas même le chef de l’Etat !

 

 

Il paraît évident qu’il revient aux enseignants, en l’occurrence, de porter à la connaissance de leurs élèves, dans le cadre d’une histoire de la deuxième guerre mondiale, ce qu’a été, à côté de la collaboration, la résistance au nazisme. Parce qu’il leur appartient d’éveiller l’esprit critique de leurs élèves, il leur incombera encore de resituer dans son contexte propre l’exécution de jeunes fusillés comme otages par les Allemands en octobre 1941 dont Guy Môquet mort à l’âge de 17 ans. Et s’ils lisent devant leurs élèves la lettre très émouvante adressée par  ce  jeune militant communiste à ses parents avant de tomber sous les balles de ses bourreaux, il ne manqueront pas de rappeler qu’il fut arrêté en octobre 1940 alors que le PCF approuvait le pacte germano soviétique - pacte de non-agression - signé entre Staline et Hitler. Et s’opposait à la guerre considérée comme une guerre impérialiste contre les intérêts de la classe ouvrière. S’il est le symbole, à titre de victime, de l’effroyable répression de l’occupant nazi, il n’est pas pour autant l’archétype d’une résistance dans laquelle ne se lancera pleinement le PCF qu’après la rupture du pacte germano- soviétique en juin 1941.  

 

 

Ce que veut Nicolas Sarkozy est d’une autre nature. Il souhaite le même jour et dans tous les lycées de France une commémoration de Guy Moquêt par une lecture solennelle de la lettre adressée à ses parents. On peut raisonnablement s’interroger sur le choix de la lettre de Guy Môquet pour célébrer a résistance – lettre humainement très émouvante mais qui ne contient aucune allusion au fait de résistance contre l’occupant nazi. Mais à supposer que ce choix soit opportun, ont est en droit de se demander d’une part si l’école est le lieu des commémorations et d’autre part s’il appartient à la discrétion du chef de l’Etat de déterminer ces commémorations et la forme qu’elles doivent prendre.

 

 

Prenons Henri Guaino au mot. « L’école n’est pas un self service » . Il a raison ! Sinon qu’est-ce qui empêchera demain un président, selon son bon vouloir, de demander aux élèves de célébrer la mort sur le bûcher de Jeanne d’Arc le 30 mai et de faire lire aux professeurs quelques passages de son inique procès, à un autre de préférer la montée à l’échafaud  de Louis XVI le 21 janvier, ou à quelqu’autre de demander à ce que soit chaque année saluée la mémoire des mutins de Craonne fusillés en 1917 après la bataille du chemin des Dames ?

 

 

Il me semble que, dans cette polémique, le problème n’est ni celui du choix de la lettre de Guy Moquêt même s’il peut être discuté ni celui d’un emprunt à un héritage de gauche qui ne serait pas celui de Nicolas Sarkozy – ce qui est une stupidité. Le problème est que l’école est le lieu de la pédagogie et pas celui des commémorations.

 

 

J’aimerais beaucoup savoir ce que vous en pensez.  

 

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M
J'ai bien aime entendre Guainot reduire l'impact de cette lettre "oui queqlques profeseurs ne la liront pas"...fait moi rire...autant si l'esprit etait de faire une journee sur les resistances en tout genre au sein des ecoles, cela serait louable..mais faire lire une lettre que Môôsieur le President a volontairement mise en avant lors de son election, lors de la coupe du monde, c'est juste la caracterisation d'un ego sur developpe de notre chef supreme!!<br /> <br /> Et pardonnez moi, mais venant d'un president, inculte au possible, ne lisant pas,...çà fait vraiment pas credible je trouve!!<br /> <br /> Guainot prend la grosse tete je trouve et les medias ne devraient pas l'inviter, lui, ou Gueant a la televison trop souvent..ils ne sont responsables de rien..on ne peut pas les virer ces gens là...attention le peuple risque de croire que c'est EUX les Premiers ministres et meme si dans les faits c'est vrai..c'est leur donner trop d'importance que des les mettre en avant si souvent!!
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E
A Paul,<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> Votre message est tronqué, mais je me permets de vous répondre. L'enseignant n'a pas à véhiculer une morale extérieure, imposée par des politiques qui sont les derniers à la pratiquer parce que l'enseignement véhicule ses propres valeurs morales : la recherche de l'objectivité et l'effort pour se défaire de ses propres convictions partisanes, le refus du dogmatisme et le dialogue avec les différentes prises de positions, l'esprit critique, l'ouverture, la curiosité intellectuelle et l'idée que l'effort pour mieux penser confère sa dignité à  l'homme. C'est tout ce que Thomas Mann, lui aussi résitant au nazisme appelait la "noblesse de l'esprit". Ces valeurs sont universelles et vont au-delà de la célébration du patriotisme, ce sont les valeurs par lesquelles nous sommes citoyens du monde comme le disait Goethe. Je refuse absolument de me faire l'écho d'une morale imposée par l'Etat parce que je me sens avant tout au service de valeurs qui sont celles de l'humanité entière, valeurs qui ont ausi leurs matyrs (Socrate, Galilée, Giordano Bruno). Je pense donner des leçons de morale tout aussi valables à mes étudiants en leur apprenant à respecter le dialogue des idées, la recherhce au moyen de la raison, l'exclusion dela violence,  qu'en leur lisant cette lettre.
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P
Cher Paul, donc selon vous, piquer la femme de son meileur ami (Jacques Martin) suite a un pique - nique.., puis la tromper avec Rachida et Anne journaliste au figaro, et enfin divocrer, ca cest donner l'exemple et des lecons de morale  a nos enfants???? faites moi rigoler les pro sarkozistes, hhahhaha je me marre!
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P
A Evelyne : qu'on cesse dites vous de demander aux professeurs de donner des leçons de morale aux enfants.<br /> <br /> Lorsque "les hussards noirs", vos ancêtres, se faisaient un devoir d'enseigner la morale à leurs élèves, le pays et la société ne s'en trouvaient pas plus mal.<br /> <br /> Je ne sais pas si les politiciens aiment la morale, comme vous le dites, mais les parents eux, l'aiment pour leurs enants, et déplorent de voir leurs efforts dans ce sens, sabotés par quelques enseignants, prétentieux, sans <br /> <br />  <br /> <br />  <br /> <br />  <br /> <br />  <br /> <br />  <br /> <br />  <br /> <br />  
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D
Je partage tout à fait votre impression.<br /> <br /> En fait, la question qui me taraude est :<br /> <br /> pourquoi organiser cette cérémonie avec la lecture de cette lettre ?<br /> <br /> A quoi cela sert-il ? Je ne lis dans cette lettre que piété filiale et appel au courage, et aucune référence à la résistance. D'autant que la notion de "résistance" est extrêmement ambigüe quand on sait qu'il s'agit d'un militant communiste en résistance contre "l'impérialisme" et non pas contre les Allemands, alors que le Bulletin officiel de l'éducation nationale écrit : “Soyez fiers de vos aînés qui vous ont tant donné ; aimez la France car c’est votre pays et que vous n’en avez pas d’autre”. <br /> <br /> Alors pourquoi ? Qu'auront retenu les élèves ? Et là effectivement c'est la forme de la célébration qui donne tout son sens à cette commémoration : c'est ça que retiendront principalement les élèves. Ils auront été tous réunis, sur l'initiative que personne n'ignore du président Sarkozy, au sein de l'école devant des autorités morales (résistants) ou politiques ou institutionnelles et auront tous écouté, dans un silence religieux, cet appel à une "mémoire nationale". <br /> <br /> Et là je comprends mieux l'objectif, voici ce qu'en dit le site du CVUH "Comité de vigilance sur les usages publics de l'Histoire" (http://cvuh.free.fr/spip.php?article131 ): <br /> <br /> "La place donnée à l’Ecole dans cette cérémonie et les formes suggérées pour son organisation indiquent une double visée : restauration de l’ordre social et restauration de l’unité nationale. L’ordre cérémoniel est la traduction sous forme rituelle de la Lettre aux éducateurs envoyée par le même donneur d’ordres ; restauration de la hiérarchie, des « valeurs » et du vouvoiement : Guy Môquet le militant est utilisé à contre-emploi. Le message présidentiel n’en a cure, il soumet l’histoire à son usage par ses directives très claires : « aimez la France car c’est votre pays et que vous n’en avez pas d’autre. » On ne peut mieux indiquer l’usage politique ainsi visé : l’union sacrale dont l’Ecole doit être la garante permet d’effacer toute « tache » mémorielle".<br /> <br /> Il s'agit effectivement de symboliser l'unité nationale et l'ordre social (cette lettre m'a d'abord évoqué "travail, famille, patrie" quand je ne connaissais pas le contexte et l'histoire personnelle de Guy Moquet) à l'école, et de les faire communier devant un mythe glorifiant de la nation, qui a en plus le bon goût de ne pas être soupçonnable politiquement.
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