Premier tour: Le Favori, l'Arbitre et la prétendante
Voici quelques réflexions que je souhaite partager avec vous alors que, les heures passant, nous avons maintenant un peu de recul pour tenter d’interpréter les résultats de ce premier tour des élections présidentielles. Je vous soumets ces réflexions dont j’espère qu’elles susciteront vos commentaires, votre accord ou vos désaccords.
La participation ( 84,60%)
Elle est exceptionnelle. Il faut remonter à la première élection présidentielle de
C’est évidemment une bonne nouvelle pour le fonctionnement de notre démocratie.
J’y vois plusieurs explications.
Les Français ont perçu l’importance historique d’une élection qui marque un changement d’époque et de générations. Quel qu’il soit, le futur président sera un ou une quinquagénaire. Les électeurs ont également saisi l’importance de cette élection pour le devenir de notre pays. L’intérêt qu’ils ont porté à cette campagne et l’empressement que la jeune génération a mis à s’inscrire sur les listes électorales annonçaient en quelque sorte cette participation massive.
Par ailleurs, la nécessité pour la gauche d’effacer le traumatisme de la présidentielle de 2002 qui avait vu l’élimination de
Enfin, il est incontestable que la manière dont
Le recentrage de vie politique française
C’est peut-être le premier enseignement de ce dimanche d’élection. Il semble que s’achève le cycle des extrêmes.
Avec 3 824 299 voix, soit 10% des suffrages exprimés,
De même, l’extrême gauche – à l’exception du candidat
La manière dont
La demi victoire… ou le demi échec de
Se faisant, il a démontré premièrement que l’idée de réduire la droite à un seul parti, l’UMP, était vouée à l’échec, deuxièmement qu’une partie de l’électorat de gauche ne se reconnaissait plus dans un P.S. qui se refuse toujours à effectuer son aggiornamento idéologique, troisièmement que nombre de citoyens aspirent à une coalition des bonnes volontés et des compétences pour résoudre certains grands problèmes de notre société.
Il est évidemment aujourd’hui fort courtisé par les états majors de
Il est évident toutefois que le candidat centriste, éliminé depuis dimanche soir, ne saurait donner de consigne de vote en faveur de l’un ou l’autre des deux candidats demeurant en lice sans se renier, sans condamner à mort son projet de rénovation politique et sans compromettre à jamais sa propre ambition.
Il faut donc s’attendre qu’il annonce la création d’un grand parti démocrate social pour accueillir ceux qui l’ont soutenu dans cette élection et tente de jouer sa carte lors des troisième et quatrième tour de cette élection, autrement dit lors des élections législatives qui, au mois de juin, donneront un nouveau parlement au nouveau président.
On imagine sans peine sa stratégie idéale qui est de se retrouver en situation d’arbitre à l’Assemblée nationale distribuant bons et mauvais points au futur gouvernement selon les sujets abordés et les décisions prises par ce dernier. Pari difficile s’il est vrai qu’une partie des députés sortants seront tentés de refuser cette stratégie périlleuse pour ne pas risquer de perdre un siège acquis en 2002 en s’alliant à l’UMP.
La campagne magistrale de
Le candidat de l’UMP a réussi à incarner une rupture aux yeux des électeurs avec une politique passé dont il été pourtant partie prenante puisque ministre à trois reprises dans les gouvernements du quinquennat qui s’achève.
Il est surtout parvenu à construire à son bénéfice un parti dont l’ancrage populaire est incontestable. Il l’a fait en cultivant une droite sans complexe, qui s’assume pour telle et en disputant patiemment au Front national des valeurs chères à l’électorat de ce dernier : ordre sécurité, autorité, mérite, travail, identité nationale.
Son problème, pour ce second tour, est maintenant de changer de pied et de jouer, comme il a commencé à le faire dès dimanche soir, le registre du rassemblement. Toute la question est de savoir si les efforts qu’il a faits pour réintégrer dans le giron de la droite parlementaire l’électorat du Front national au risque parfois de tutoyer la ligne jaune ne vont pas obérer sa tentative de séduction vis-à-vis de l’électorat de
Objectivement, le score réalisé dimanche par
La satisfaction mitigée des socialistes
A l’annonce des résultats, dimanche soir, les socialistes ont été soulagés et heureux. Non seulement le spectre de la non qualification pour le second tour était écarté mais la candidate socialiste a récolté deux fois plus de suffrages que
Ségolène Royal bénéficie incontestablement du vote utile. Une bonne partie des électeurs de l’extrême gauche ou de la gauche non socialiste qui s’étaient dispersés en 2002 se sont en effet portés dès le premier tour sur la candidate socialiste afin d’éviter une réédition du fiasco du 21 avril qui avait vu la gauche éliminée dès le premier tour de la présidentielle.
La détermination sans faille de la candidate socialiste a joué également en sa faveur même si les changements de pieds successifs de sa campagne ont pu dérouter parfois ses propres supporters.
Sa féminité demeure sans doute un atout vis-à-vis d’une partie de l’opinion.
Ses adversaires ne doivent pas sous estimer sa pugnacité dans le débat qui l’opposera le 3 mai prochain à Nicolas Sarkozy.
Ségolène Royal cherchera évidemment, comme
Tous les observateurs savent enfin qu’un deuxième tour de présidentielle constitue une nouvelle élection et que l’arithmétique ne présume pas nécessairement du résultat.
Il n’en demeure pas moins que les décomptes de voix ne jouent pas en faveur de la candidate socialiste et que la dynamique, de par l’avance qu’a acquise Nicolas Sarkozy dès le premier tour est du côté de ce dernier.
Au risque d’une "raffarinade", disons que telle que se présentent les choses, du moins au début de cette seconde phase, la victoire de
Les socialistes l’ont fort bien compris. Hier soir, leur satisfaction restait mitigée.